Politiques de transition écologique : faut-il élargir la notion de “conduite du changement” aux usagers ?
L’enquête OpinionWay sur la sobriété foncière dévoilée par l’Ordre des géomètres-experts lors des Assises Nationales de la Sobriété Foncière de juillet 2024 mérite qu’on s’y attarde. Les résultats de ce sondage réalisé entre le 14 et le 17 juin auprès d’un échantillon d’environ 1 000 personnes représentatives de la population française âgées de 18 ans et plus, révèlent que :
- 79 % des sondés considèrent un jardin privé associé à une maison pavillonnaire comme un espace plutôt naturel. Or, les pelouses de jardin résidentiel sont considérées comme des espaces artificialisés d’après la nomenclature du décret du 27 novembre 2023 relatif à l’évaluation et au suivi de l’artificialisation des sols.
- 73 % des sondés se disent favorables à une augmentation de la densité urbaine dans les îlots urbains qui bénéficient de jardins privés (densification horizontale) mais ils sont 52 % à avoir envie de déménager si une nouvelle construction devait s’implanter à proximité du logement ou de leur maison jouxtant un jardin privé.
- 22 % des sondés choisissent de définir la densification urbaine comme une vision technocratique déconnectée de la réalité territoriale, soit deux fois plus que les 11 % de sondés choisissant de la définir comme un moyen de lutter contre le réchauffement climatique.
Il ressort ainsi de cette enquête que les opinions des sondés, et par extension des Français, sont empreintes de paradoxes. Ces résultats sont la démonstration que si les enjeux et les grands concepts liés à la transition écologique sont connus par la population, l’acceptabilité des politiques publiques de sobriété est très loin d’être acquise. De fait, nous constatons régulièrement dans le cadre de nos missions d’élaboration de stratégies de développement territorial que les exécutifs expriment un réel embarras quant à l’idée d’une densification résidentielle, anticipant les réclamations de leurs administrés.
Les politiques de transition écologique, en particulier celles reposant sur la réduction de la consommation des ressources, sont donc confrontées à de nombreuses résistances au changement. Ce dernier nécessite en effet de faire accepter le risque de perdre un existant connu pour un avenir incertain. La notion de conduite du changement est habituellement liée aux organisations. Il apparaît cependant fondamental de déployer une approche d’accompagnement au changement auprès des populations afin de parvenir à une adhésion à de nouveaux modes de vies encore à définir. En effet, le changement repose sur une rupture significative des modes de fonctionnement de telle manière que nous soyons contraints à un effort d’adaptation. S’il est de la responsabilité des élus d’adapter leurs stratégies territoriales (finalités collectives poursuivies et engagées), le changement requiert aussi que les éléments suivants soient transformés : les pratiques des habitants (manières de faire) sur le plan individuel et la culture (système de valeurs) au niveau collectif. Si des actions de communication, de formation, et de sensibilisation des habitants sont indispensables, elles ne seront cependant pas suffisantes. D’autres modalités sont à inventer, reposant davantage sur la collaboration, la co-construction, et l’expérimentation, inspirées du modèle de changement agile (Autissier, Moutot, 2023) et du design (design thinking, design des politiques publiques).
À ce titre, Sémaphores porte quatre offres de conseil en développement territorial intégrant cette approche de conduite du changement à la fois auprès des organisations, mais également des usagers :
- Stratégie et coopération territoriale (projet de territoire, projet d’administration, accompagnement aux évolutions institutionnelles…)
- Développement économique local (économie circulaire, ESS, emploi-formation)
- Nouveaux modèles de l’aménagement, l’habitat et du logement à l’heure du ZAN (PLH, plans stratégiques de patrimoine, projet d’EPL, stratégie foncière, création de foncières publiques)
- Territorialisation de la planification écologique et services aux usagers (achats responsables, numérique responsable, gouvernance des données territoriales, CRTE, COT, budget vert)