La certification professionnelle : de l’outil de reconnaissance à la valorisation de son impact en entreprise
Un article rédigé par :
Jean-Christophe CHAMAYOU – Directeur de la Practice « Développement des compétences », Directeur Général de Lafayette/Groupe Alpha – in
Depuis des siècles, le diplôme et la certification ont servi d’outils de reconnaissance de la valeur des individus. Depuis les années 70, ils sont également devenus des outils de régulation, et plus récemment, des leviers de transformation professionnelle et d’inclusion. La question se pose alors : faut-il être diplômé pour être reconnu dans l’entreprise ?
Le diplôme, un outil de reconnaissance et de régulation
En France, les diplômes sont très valorisés. Ils influencent l’attractivité des parcours professionnels et sont utilisés comme critères de comparaison pour les recruteurs. La multiplicité des termes tels que “certifiant”, “qualifiant”, “MBA” ou “diplôme d’État” reflète la bataille des Écoles, pour attirer un public plus large ou devenir plus sélectif. Une note de France Compétences a d’ailleurs alerté sur les informations trompeuses concernant certaines appellations prétendument reconnues par l’État.
La certification, qu’il s’agisse d’une norme technique ou d’une maîtrise professionnelle, repose sur l’attestation reconnue par une autorité légitime. Ainsi, les diplômes et titres professionnels sont regroupés sous le terme générique de “certification”. L’État n’a plus le monopole du terme “diplôme” depuis 1942, sauf pour les diplômes d’État, diplômes nationaux et masters.
La création du Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) en 2002 a permis de réguler le marché des certifications, avec pour objectif l’amélioration de l’employabilité. Depuis, les certifications doivent figurer au RNCP pour être reconnues par l’État et bénéficier de financements. Le RNCP a également permis de promouvoir des dispositifs comme la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE).
Pour les entreprises, la certification constitue un repère important. Elle garantit la maîtrise des compétences spécifiques et permet de valider la qualité des savoir-faire des candidats. Ainsi, le RNCP et les certifications associées facilitent le recrutement, en offrant aux employeurs un gage de compétences validées par un tiers. De plus, certaines certifications permettent de répondre aux exigences de normes spécifiques dans des secteurs comme l’informatique, l’ingénierie ou la santé. Les entreprises, en quête d’efficience et de performance, peuvent ainsi s’assurer de recruter des personnes capables de répondre aux enjeux actuels, qu’il s’agisse de transformation numérique, d’innovation ou d’adaptabilité aux changements de marché.
La réforme de 2018 a introduit le Répertoire Spécifique et instauré l’équivalence entre les blocs de compétences et les certifications. Aujourd’hui, l’État régule ces certifications via France Compétences, qui assure une distinction claire entre la certification elle-même et le dispositif de formation. Toutefois, certaines certifications comme les Diplômes Universitaires (DU) ou les certifications informatiques, bien qu’elles ne soient pas inscrites au RNCP, conservent une reconnaissance forte dans le monde professionnel.
De la reconnaissance à la valorisation
La valeur d’une certification repose sur plusieurs critères : sa notoriété, sa reconnaissance par l’État ou un réseau, son dispositif pédagogique, et l’usage qui peut en être fait. Traditionnellement, les diplômes étaient associés à une formation longue, en présentiel et avec une sélection stricte. Cependant, les nouvelles approches pédagogiques et la crise sanitaire ont bouleversé ces codes. Des écoles comme 42 ou Simplon ont montré qu’une certification peut être obtenue via des dispositifs plus courts et plus flexibles.
La réglementation a évolué pour permettre des formations en ligne ou en situation de travail, ce qui a élargi les possibilités d’accès à la certification. Il est désormais possible de décrocher un diplôme de niveau master sans avoir le baccalauréat, une révolution pour certains, une hérésie pour d’autres.
Pour les entreprises, cette flexibilité présente des avantages majeurs. Elles peuvent recruter des talents qui ont acquis des compétences rapidement et par des voies diversifiées, telles que la formation à distance ou la VAE. Ce système permet également aux employeurs de maintenir un haut niveau de compétences dans leurs équipes, en encourageant la montée en compétences continue de leurs salariés. En effet, les certifications sont non seulement une preuve de compétences actuelles mais aussi un indicateur de la capacité d’adaptation des collaborateurs dans un contexte de transformation permanente.
La certification valorise un niveau de compétence requis, validé par un jury. Ce processus permet une reconnaissance indépendante du parcours de formation. C’est une avancée majeure pour l’inclusion et la poursuite d’études, notamment pour les personnes en situation de handicap.
Dans la société actuelle, les certifications peuvent jouer un rôle clé dans la transformation sociale et économique. Elles permettent aux individus d’évoluer tout au long de leur parcours professionnel, quel que soit leur statut initial. Pour les entreprises, elles constituent un levier essentiel pour répondre aux besoins de flexibilité, d’innovation et de compétitivité. La certification ne doit plus être perçue comme une conclusion, mais comme un point de départ vers de nouvelles opportunités pour les individus comme pour les organisations.