Les enjeux compétences
dans la transition écologique
et les certifications
Un article rédigé par :
Martin BEIS – Consultant – Lafayette – in
La transition écologique, même si aucune définition officielle n’existe, peut être vue comme un ensemble de pratiques visant à réformer les modèles économiques, sociaux et politiques pour répondre aux critères du développement durable et réduire l’impact environnemental. Cette transformation s’appuie sur des recherches scientifiques internationales (comme celles du GIEC) et de nombreuses initiatives, notamment les travaux de l’ISSB, qui orientent ces évolutions vers une meilleure gestion des ressources et un changement climatique maîtrisé.
Depuis les accords de Paris en 2014, la France a adopté un grand nombre de lois visant à structurer les activités économiques en faveur de la transition écologique, parmi lesquelles la loi Climat et Résilience. Celle-ci vise à adapter les secteurs de l’agriculture, du commerce, de l’habitat, de l’alimentation, des transports, entre autres, aux exigences de durabilité. Ces textes législatifs ne suffisent toutefois pas à couvrir toutes les problématiques liées à la transition. Une évolution significative des métiers et des compétences est nécessaire dans tous les secteurs professionnels : de l’agriculture à la production d’énergie, en passant par l’industrie, la distribution ou encore le bâtiment…
Enjeux de la transition écologique : emploi et compétences
La transition écologique représente un défi majeur pour l’économie mondiale. Selon le Shift Project, environ un million d’emplois pourraient disparaître d’ici 2050 en raison des transformations nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques. Néanmoins, ces changements peuvent aussi offrir des opportunités, avec la création de nouveaux emplois dans des secteurs clés tels que le bâtiment, l’industrie et l’énergie. D’ici 2030, ces secteurs pourraient générer entre 200 000 et 550 000 emplois nets supplémentaires, tout en mobilisant des millions de travailleurs dans des domaines liés à la décarbonation et à la durabilité.
Le secteur du bâtiment, responsable d’environ 40 % des émissions de carbone mondiales et de 20 % de la consommation d’eau, est au cœur des enjeux de cette transformation. Des milliers de créations d’emplois sont attendues pour répondre aux défis écologiques, avec des métiers de plus en plus spécialisés dans les pratiques de construction durable et la gestion des ressources.
L’industrie, notamment à travers la filière de l’hydrogène, prévoit également une forte croissance de l’emploi, avec la création de 100 000 postes d’ici 2030. Le projet « Def’Hy » en France a d’ores et déjà lancé des programmes de formation ciblant des profils divers, allant des ingénieurs aux techniciens, pour répondre à cette demande.
En parallèle, de nouveaux métiers émergent, comme les experts en décarbonation ou en retraitement des déchets, et figurent désormais parmi les métiers dits “émergents” en France. Ces nouvelles fonctions reflètent la transformation profonde des secteurs traditionnels et la nécessité de former des travailleurs aux compétences de demain !
Les secteurs en mutation
Les transformations liées à la transition écologique ne se limitent pas aux secteurs du bâtiment et de l’industrie. D’autres domaines sont également touchés par ces évolutions. Le secteur des assurances, par exemple, fait face à une hausse de la sinistralité liée au changement climatique, avec des risques de plus en plus intégrés dans les stratégies des assureurs. Pour répondre à ces défis, des formations spécifiques sont proposées, comme celles de l’AXA Climate School, qui aident les entreprises à anticiper les impacts climatiques.
De même, les secteurs des achats et de la logistique se voient confrontés à des enjeux de durabilité, en particulier en ce qui concerne la gestion des approvisionnements et des actifs non financiers. L’intégration de la gestion des déchets et des critères environnementaux dans les stratégies d’achat devient incontournable pour répondre aux nouvelles exigences légales.
Dans le domaine agricole, l’essor de l’agriculture biologique et des pratiques comme la méthanisation transforment le paysage du secteur. Mais cette évolution doit faire face à des défis économiques et structurels, tels que la rentabilité des exploitations et les risques liés à la biodiversité, imposant des compétences renouvelées dans la gestion des risques et des ressources naturelles.
Défis pour les formations et les certifications
Un des principaux défis pour les acteurs de la formation réside dans l’adaptation de l’offre aux besoins émergents de la transition écologique. Une étude du réseau Carif-Oref met en lumière un déséquilibre flagrant entre les besoins en compétences et l’offre de formations disponibles. Plusieurs problèmes sont identifiés, comme une répartition géographique et sectorielle inadéquate des formations ou une faible mobilisation des apprenants, malgré une forte dynamique de l’emploi dans les éco-activités.
La pénurie de cadres qualifiés dans des domaines comme la comptabilité verte ou la gestion des émissions de carbone est un autre obstacle majeur. Caroline Renoux, fondatrice de Birdeo, souligne que les compétences en matière de transition écologique ne sont pas encore suffisamment intégrées dans les cursus existants. Les entreprises se retrouvent donc en difficulté pour recruter des profils capables d’intégrer des enjeux environnementaux dans les processus de gestion.
Un besoin en compétences transversales et spécialisées
Les métiers liés à la transition écologique nécessitent de plus en plus de compétences transversales. Par exemple, la réalisation d’un bilan carbone requiert non seulement des connaissances techniques, mais aussi une capacité à intégrer ces données dans une stratégie plus large, impliquant divers acteurs internes et externes. De même, l’éco-conception et l’analyse de cycle de vie demandent des compétences à la fois techniques et stratégiques pour anticiper les impacts environnementaux dès la phase de conception des produits ou services.
L’inflation réglementaire, avec des normes comme la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) ou les critères ESG, transforme également les compétences nécessaires. Les entreprises doivent désormais maîtriser ces nouveaux standards pour accéder aux financements et répondre aux exigences des investisseurs. Les directeurs financiers et les managers doivent être capables d’interpréter ces données et d’orienter les décisions stratégiques en conséquence.
Conclusion
La transition écologique impose une révision des compétences et des certifications pour répondre aux défis environnementaux actuels. Si de nouveaux métiers émergent, leur couverture par les formations existantes reste insuffisante, créant un déséquilibre qui doit être rapidement corrigé. L’adaptation des référentiels de compétences, la mise en place de formations spécialisées et transversales, et l’intégration des enjeux environnementaux dans tous les secteurs sont essentiels pour réussir cette transition.
Les consultants Lafayette accompagnent les entreprises dans l’évolution de leurs offres de formation pour répondre à ces nouvelles exigences, afin de bâtir une économie plus résiliente et durable.